mercredi 4 mai 2005

Dérive

Il y a des jours où tout m’échappe. Il me semble.

On calcule que Racine a utilisé douze cents mots pour réussir à tout dire, tout décrire et tout faire sentir… étonnant !

Il y a un cœur. Juste là, à côté. Il est tout petit. Il est tout rouge. C’est drôle, je me demande d’où il vient. Ça doit être le mien. Enfin, je crois. J’ai dû l’enlever il y a quelques semaines pour le faire sécher un peu.

Je le cherchais partout et je ne trouvais rien. J’ai fouillé l’appartement, la voiture. Je suis même allée au bureau pour voir, au cas où. J’ai regardé dans les garde-robes. Sous le lit. Derrière les fauteuils. Dans le coffre en cèdre. Dans le frigo. Dans le four. Dans le bain. Sur les balcons. Rien. Absolument rien.

Sous les draps. Ah, c’est là qu’il était caché ! En fait, c’est plutôt «dans» que «sous».

Il s’est retrouvé dans de beaux draps. Comme ça, sans effort aucun. Comme s’il devait y être. Comme si le choix était clair ou qu’il n’y avait pas de choix. Comme si c’était déjà écrit.

Il voulait rêver. Un peu. À peine. Rêvasser.

Il était là, debout, avec son regard de points d’interrogation quand je l’ai retrouvé. Comme s’il me voyait pour la première fois. Comme s’il ne me connaissait pas. Comme s’il ne me reconnaissait plus.

Il y a des jours où tout lui échappe. Il lui semble.