vendredi 25 mars 2005

OUI !

Aimons-nous (Yvon Deschamps)

Aimons-nous quand même
Aimons-nous jour après jour
Aimons-nous quand même
Aimons-nous malgré l'amour

Aimons-nous de rage
Aimons-nous mais sans pitié
Aimons-nous en cage
Aimons-nous sans amitié

Deux mille ans de haine
N'ont rien changé à l'amour
Pour briser nos chaînes
Sonnent canons et tambours

C'est l'amour qui gronde
L'amour avance à grand pas
Détruira le monde
Par l'amour, tu combats

Je t'aime, tu m'aimes, il m'aime
Nous vous aimons, vous nous aimez
Il m'aime, il t'aime, ils s'aiment

Aimons-nous quand même
La mort unit sans retour
Aimons-nous, je t'aime
Je te tuerai mon amour

L'amour nous préserve
Des remords de nos tueries
On tue sans réserve
Par amour de sa patrie

On vit sans histoire
Lorsque l'on vit sans aimer
L'amour c'est la gloire
La puissance et l'amitié

Aimons sans contrainte
Aimons-nous comme il se doit
Resserrons l'étreinte
Qui nous étouffera de joie

Je m'aime, tu t'aimes, il s'aime
Nous nous aimons, vous vous aimez
Ils s'aiment, s'aimeront

vendredi 18 mars 2005

Guerrière

Je ne jouerai pas de tes guerres intérieures
Les commandements qui écrasent tes nations
Là où tes frontières se soulèvent
Les défaites repeuplent mon armée

Je ne te jouerai pas sur la ligne de front
Les révolutions qui marchent sur tes battements
Là où tes mots se récusent
Les massacres assiègent mes tombées

Je ne jouerai pas d’occupation de ton territoire
Les batailles qui éclatent de tes couronnements
Là où tes forces se soumettent
Les combats provoquent ma résistance

Je ne te jouerai pas de tortures décimées
Mais je ne serai pas l’armée évanouie

Je soulèverai ton offensive

mardi 8 mars 2005

Poussière

Tu peux étreindre le crépuscule
Me trouver dans tes mers d’horizon
Et te perdre dans mes dunes enflammées

Tu peux inonder les monts blancs
Me vaguer dans tes vents ensablés
Et égarer tes tempêtes de nuit

Tu peux jouir du temps de mon Sud
Me traverser dans l’orage des sens
Et t’éteindre à l’aube de ma peau

La lune se déhanche
Saoule la, saoule moi

dimanche 6 mars 2005

Mon incontournable

Prince-Arthur (Francine Ruel)

Du haut de mon tabouret
J’ai le cœur aux aguets
Je me perds de vue dans le brouillard
Je me sens perdue au fond du bar
Mes désirs blafards allument
Leurs phares à tout hasard
Dans la fumée bleutée des cendriers
Vous savez moi, parfois, je bois

Prince-Arthur, Prince Armand, Prince Charmant
C’est un bar, un sourire, c’est pour s’offrir
La chaleur et l’espoir quand vient le soir
Prince-Arthur, Prince Jean, Prince du Vent
Ils s’en viennent, ils s’en vont
Parfois c’est bon
C’est ma vie en suspens
L’amour en passant

L’alcool qu’on verse, qu’on renverse
Mots inutiles qu’on déverse
Tu peux me faire croire ce que tu veux
J’ai besoin de savoir qu’on peut être deux
Phrases inachevées noyées
Dans des verres de bière déserts
J’vais m’refaire une beauté
En poudre blanche
Ma vie étanche à respirer

Du ventre des hauts-parleurs
La musique enterre la peur
De se r’retrouver seul, tout seul, trop seul
La nuit se fait pâle, c’est le last Call
Les désirs perdus se cherchent
Dans la rue se prostituent
On f’ra semblant d’s’aimer les yeux fermés
Viens dans mon lit, juste pour une nuit

mardi 1 mars 2005

Jour nouveau

Ce matin, il neige gris rafale de vent blanc. Mais ce n’est plus important.

Il est parti. Enfin. J’avais imaginé une visite rapide, un entre-deux, un passage à 100 km/h. Un bonjour et un au revoir à l’intérieur de la même nuit, au pire le même jour, au mieux, un adieu. Mais il est resté. Avec sa mélancolie. Il s’est incrusté. Avec ses idées suicidaires. Il a vécu. De noirceur.

Il n’y avait rien à faire. Attendre. Attendre encore et encore attendre. Rêver. Autre vie, autre nuit. Combattre le froid. Il était là à se gaver de mes sourires, à boire mon sang, à érafler ma peau. Tout ça pour rien. Il n’aime personne. Et moi, je le déteste.

Chaque fois, le même manège. Il ne provoque que la tristesse des éclats de fumée bise. La peur qu’il ne parte plus et qu’il décide de s’éterniser. L’aléatoire improbable qui pourrait se déterminer sans excuse. Puis finalement, il plie sous le poids de son noir obscur et disparaît, comme il est venu, poussières de sol cendreux.

Celui qui tue l’envie caeruleum a fui. Février l'assassin.